Robin Berjon

Politique-non-fiction

Ah, que j’aimerais être Marine Le Pen!

Une francisque

La Celle-Saint-Cloud. Je me réveille et, déjà, je ricane.

Tous les envieux disent que ça aura été facile pour moi, que d’être héritière d’une dynastie politique, ça te met quand même bien le pied à l’étrier. Mais ça, ce n’est rien! Le plus rutilant des héritages ne vaut rien comparé au soutien indéfectible de l’intégralité du corps politique français.

Tout d’abord les tradis qui ont fait leur dernier baroud d’honneur sur le mariage pour tous et que je peux simplement regarder disparaître d’eux-mêmes aux oubliettes de l’Histoire. Ça fait toujours ça de boulets en moins.

Hollande! J’adore Hollande. Je le trouverais presque beau. Hollande qui a vendu du changement pour ne faire que du Chirac. Je n’aurais pu rêver meilleur escabeau! Les français en sont à un tel point de vouloir du changement qu’ils seraient prêts à voter n’importe quoi tant que ça casse le système, mais rien, il ne bouge même pas d’un poil. C’est génial, purement génial! Avec sa bande de bras-cassés j’ai même pu me faire un petit régal de taquet antiraciste à Cazeneuve! On s’est bien marrés ce jour-là. Avec Valls au gouvernement plus personne n’ose me traiter de pétainiste, je fais light à côté.

De l’autre côté, LR c’est que du bonheur. Pour leur primaire ils tirent tellement loin à droite que j’en serais presque choquée. Si on pouvait gagner une présidentielle à l’extrême-droite j’en saurais quelque chose! Les cons! C’est noyade gratis avec Sarkozy dans le rôle de Panurge.

Entre eux et le PS ils sont partis tellement loin qu’il me reste un magnifique boulevard au centre. Je vais me faire un supermarché de propositions centristes, normalisées, qui sonnent raisonnable — avec juste ce qu’il faut d’appel du pied aux patriotes et bam! C’est dans la poche. Franchement, c’est tellement inouï que j’ose à peine me lancer.

On va tout droit vers un nouveau second tour droite/extrême-droite, sauf qu’à la différence de 2002 cette fois l’extrême-droite ça sera l’autre!

J’en danserais presque.

J’ai craint Macron environ deux minutes et demie. Et puis il a sorti sa connerie de candidat antisystème. Non mais comme dirait Marion, lol, quoi.

La seule menace sérieuse, ça pourrait être les Verts. Après cinq ans d’Hollande, c’est leur chance historique. Mais bon. Un parti procédurier, ça ne te fait émerger que des leaders avec le charisme presque touchant du bureaucrate. Et puis leurs militants, on dirait qu’ils ne te trouvent crédible que si tu es incapable de persuader autre chose qu’un converti. C’est du genre à penser qu’on peut convaincre des gens avec simplement des faits, sans comm’! Des faits! Hahahahaha, non franchement qu’est-ce que je me marre.

J’allais oublier l’extrême-gauche! Bon je crois que tout le monde a oublié l’extrême-gauche. Franchement, je me fais traiter de réac’ mais moi au moins je n’écris pas exactement les mêmes conneries que mon arrière-arrière-grand-père en espérant que les gens vont finir par écouter.

Et les journalistes, j’adore tellement les journalistes! Déjà qu’ils ne font rien pour nettoyer la corruption et l’immobilisme rampants de la classe politique, ils continuent de ressasser les mêmes poncifs et de ne se parler que les uns aux autres. Je n’ai même pas besoin de ressortir le complot des élites: ils en font un déballage continu, tout seuls comme des grands. Ils ne s’en rendent même pas compte! C’est comme une bulle de Teletubbies navigant sur un océan de merde sans jamais arrêter de papoter entre eux! Ils sont géniaux. Ne changez rien les gars! Même sur le Brexit ils ne font que parler de «croissance» et de «taux de change», comme si ces mots avaient jamais eu un sens palpable.

Ah la la la! Non, franchement, c’est juste trop bien d’être moi.

MUAHAHAHAHA!